Une histoire d’arbre généalogique, du bas de cet arbre, des racines. En Espagne, à Bilbao. Celle de Julian d’abord, le père. Élevé par les jésuites lorsque sa mère l’y abandonne bébé, libéré de toute contrainte, mais avec une grande colère lorsqu’il découvre adolescent que sa mère est une prostituée. Puis la mère, Victoria, abandonnée aussi par sa mère dans un couvent de sœurs, mais qui vient la rechercher des années plus tard pour qu’elle aide à la maison. Julian et Victoria vont se rencontrer un soir, se marier pour échapper à leurs familles et partir à Paris où ils seront concierges ou femme de ménage le reste de leur vie. Leur fille Marie grandit à Paris, avec ce sentiment de ne pas appartenir, d’être toujours la petite Espagnole de parents peu fortunés. Elle fait au mieux pour sortir de cette enfance, devient réalisatrice, se marie, a des enfants. Mais un jour, une liseuse de tarots lui dit qu’elle n’est pas la fille de ses parents. D’aveux en recherches pendant quelques années, elle découvre un réseau d’adoption illégale, de médecins qui en profitent, de jeunes filles malencontreusement enceintes et de couples sans enfant. Elle finira par trouver sa mère de lait, celle qui l’a allaitée quand elle est née, et sa vraie mère qui l’accueille et lui fait connaître ses demi-sœurs et d’autres membres de sa famille génétique, mais elle se rend compte aussi que ses parents adoptifs sont ses vrais parents. Très joliment écrit, une belle fluidité pour une histoire de vie qui ressemble à une fiction.

“J’ai toujours aimé les chiens.
Je sais maintenant que je suis comme eux, je suis une chienne.
Ma meute m’a abandonnée et l’on m’a sevrée. J’ai lapé l’eau fraîche et mangé la pâtée. J’ai aboyé et j’ai pleuré de peur qu’on me laisse à nouveau. J’ai été nerveuse quand mes maîtres faisaient leurs valises et j’ai fait la fête quand ils rentraient à la maison. J’ai couru derrière eux et j’ai sauté sur leurs genoux. J’ai dormi à leurs pieds. J’ai cherché les caresses et les friandises.
Voilà ce que je suis, un animal blessé et tenu en laisse. Je suis docile, je me retiens de mordre pour ne pas que vous me donniez des coups de bâton. Je gémis dans mes nuits traversées de mauvais rêves, ma langue pendante, vie de perdante, je vous en supplie posez vos mains sur ma tête et rassurez-moi.
Je suis une chienne qui pistait sa meute, je l’ai finalement retrouvée.”