Dernier opéra de Mozart, la trame de l’histoire est un vrai scénario à la Marivaux. Titus veut épouser Servilia, qui aime Annio, puis Vittelia, qui est la maîtresse de Sextus, son meilleur ami. Sextus, poussé par Vitellia, essaie de tuer Titus, mais n’y parvient pas. Sextus et Vitellia devraient être condamnés, mais grâce à la clémence de Titus, ils sont graciés. Voilà l’histoire telle qu’elle se déroule. La version de ce soir, mise en scène par Milo Rau, suit très librement cette trame. L’histoire commence par la fin et retourne en arrière. Elle intercale dans la pièce la vie réelle des acteurs et des figurants, avec des mini-portraits filmés et sous-titrés, projetés simultanément aux plus grands airs de cet opéra. Un cœur extrait d’un des figurants au début, un cœur de vache quand même, est passé de main en main pendant les deux heures trente du spectacle. Je n’avais jamais assisté à une pièce classique aussi décomposée et réinterprétée. Cela n’a pas plu à tous les spectateurs, mais j’ai trouvé cela assez grandiose et exigeant. Les décors et la mise en scène étaient également magnifiques, avec des créations de tableaux sur scène, Le Radeau de la Méduse de Géricault, La Mort de Marat de David. Très original.

Publio
Ma v’è, Signor, chi lacerare ardisce
anche il tuo nome.
Tito
E che perciò? se ‘l mosse
leggerezza: nol curo;
se follia: lo compiango;
se ragion: gli son grato! e se in lui sono
impeti di malizia. io gli perdono.”

Publius
Mais seigneur, certains osent
aussi profaner ton nom.
Titus
Et quand cela serait ?
Si la légèreté les y a poussés, je n’en ai cure.
Si c’est la démence, je les plains.
Si c’est la raison, je les remercie.
Si ce sont des accès de malveillance, je leur pardonne.”

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