Cette exposition questionne l’histoire des collections du musée à la lumière de la période coloniale, mais également le rôle de Genève et de la Suisse dans le colonialisme. Sait-on d’où viennent exactement ces objets, à qui ils ont appartenu et, surtout, comment ils ont été acquis ? Comment le musée doit-il se positionner par rapport à ces objets qui ont peut-être été volés par des colons tout-puissants à des peuples en état de soumission ? Ces questions trouvent une partie de leurs réponses dans cette exposition, qui met également en évidence le fait que la Suisse a profité de ces commerces. La dernière question est celle de l’avenir de la collection, avec des capsules thématiques qui ouvrent des espaces de dialogue entre le musée et les héritiers autochtones de ces objets. Une exposition très belle qui interroge, dérange et choque, mais qui fait prendre conscience du poids de l’histoire que porte chaque objet.
“Les figures Kota sélectionnées pour cette exposition portent le poids de la rencontre entre l’Europe et l’Afrique. Arrachées aux reliquaires qu’elles gardaient, elles sont précisément le témoin de la violence symbolique exercée par le colonialisme et les missionnaires sur les religions locales.
Le culte des ancêtres, caractérisé par la dévotion portée aux reliques des parents défunts, est la religion fondamentale des peuples Kota. Il se manifestait par le prélèvement et la conservation de certains os des anciens du lignage. Ceci explique la vénération pour les N’kobè (paniers) et les gardiens de reliquaires. Ces derniers sont au cœur des rites qui font appel à l’esprit des ancêtres. On peut rétablir aujourd’hui la place des reliquaires, en montrant que si la figure sculptée a été reconnue pour ses qualités artistiques, les paniers de reliquaires en revanche, brûlés, jetés ou cachés en forêt, constituent une perte pour les Kota.”