Dans cette pièce singulière, la boule à neige n’est peut-être qu’un prétexte. Installés dans un petit amphithéâtre de bois, entourés de boules à neige disséminées ici et là, deux comédiens échangent au centre de cet espace. L’un est historien, l’autre metteur en scène. S’ils parlent effectivement des boules à neige, leur dialogue explore surtout des thèmes profonds : l’histoire en tant que science, la mémoire, le souvenir et le deuil. Des interviews de collectionneurs projetées sur des écrans et une caméra filmant en gros plan quelques boules enrichissent leur échange. Les deux acteurs jouent un texte d’une beauté saisissante : en même temps drôle, émouvant et profondément boulversant. J’ai été totalement immergée, voir submergée, par l’émotion que ces mots dégageaient. Une expérience magnifique.
“…Et entre autres parce qu’elle s’est émancipée de toute forme de culture légitime. Alors que moi, quand je repense à mon adolescence, je me demande pourquoi j’ai passé mon temps à réviser mes goûts culturels pour les rendre acceptables. Pourquoi j’ai effacé de mon répertoire… Jean-Jacques Goldman, Francis Cabrel, La Compagnie créole… Bon, La Compagnie créole, ça je sais. Pourquoi Daniel Balavoine et le karaoké étaient si peu fréquentables. Du coup, j’ai de la peine à regarder l’adolescent que j’étais en me disant que j’avais pas la liberté d’aimer ce qui me touchait vraiment. On pourrait dire que tu as échappé à ça grâce à ta grand-mère qui était un modèle de kitch.”