Ce roman se situe dans le contexte historique réel du règne de Christian VII du Danemark. Seul dans le palais de Cristiansborg à Copenhague, malheureux et psychologiquement fragile, quasi privé de son pouvoir, le roi erre dans les réserves du palais. Il y rencontre Jon Sivertson, un horloger, qui tente de réparer une horloge vieille de deux cents ans au mécanisme aussi magnifique que complexe. Une amitié, parfois complexe, se noue entre le roi et l’horloger, qui lui raconte petit à petit sa vie et surtout celle de sa famille qui habitent la campagne isolée du fjord Breidafjördur au Nord-Ouest de l’Islande, sous domination danoise. C’est une très belle histoire d’amitié improbable, de fragilité et de blessures que peut infliger la vie. Très tendre et touchant.

“Son maître d’apprentissage lui avait jadis parlé des théories d’Aristote et des interactions entre passé, présent et futur. Selon le philosophe grec, le temps n’avait ni début ni fin, il engendrait des changements et, en l’absence de ces changements ou transformations, il n’existait pas. Saint-Augustin, un des pères de l’Église, affirmait que Dieu avait créé le temps en façonnant le monde et qu’avant la Création le temps n’existait pas. La Genèse explique que le Tout-Puissant a d’abord fait le ciel et la terre et qu’il a poursuivi son œuvre les six jours suivants avant de se reposer le septième. C’est la première mesure temporelle. Mais que représentait une journée au royaume de Dieu ? Était-elle constituée de vingt-quatre malheureuses heures ? Et chacune de ces heures avait-elle une durée de soixante minutes ? Ou peut-être la plus petite fraction de seconde équivalait-elle à mille ans ? Et, par conséquent, une heure à une éternité extraite d’une autre éternité ? Le maître de Jon lui avait dit que le temps n’avait pas de réelle signification avant que l’être humain n’entreprenne de le mesurer, de le diviser en unités et de le cerner par l’usage du calendrier. Ces unités de mesure avaient toujours été des créations humaines et ce, dès le moment où les Chinois avaient mis au point le cadran solaire, mais serait-on un jour capable de définir la nature exacte, l’essence du phénomène ?”