Ce second volume de La Recherche est divisé en deux histoires distinctes. La première, Autour de Mme Swann, raconte les émois amoureux du narrateur pour Gilberte Swann et les déceptions qui les accompagnent. La seconde partie, Noms de pays : Le pays, nous emmène à Balbec, station balnéaire où le narrateur passe plusieurs mois avec sa grand-mère et où il rencontre un groupe d’adolescentes, dont Albertine, que nous retrouverons. Ce roman montre le narrateur grandir et s’interroger sur l’amour et sa passion pour les arts. L’analyse de la société de l’époque, avec ses différentes castes, ses conventions et obligations, est approfondie, de même que l’analyse des relations sentimentales au sein de cette société. Bien que riche en descriptions, l’intrigue est plutôt calme. Proust est capable de décrire le couteau et la serviette posés sur la table de la salle à manger ou les pinceaux du peintre Elstir sur plusieurs pages. L’écriture est magnifique, mais je me suis parfois ennuyée et ai trouvé la lecture laborieuse. Peut-être est-ce juste mon état d’âme du moment.
“Rien, au premier aspect, ne faisait plus contraste avec Mme Swann qui était brune que cette jeune fille à la chevelure rousse, à la peau dorée. Mais au bout d’un instant on reconnaissait en Gilberte bien des traits – par exemple le nez arrêté avec une brusque et infaillible décision par le sculpteur invisible qui travaille de son ciseau pour plusieurs générations, l’expression, les mouvements de sa mère ; pour prendre une comparaison dans un autre art, elle avait l’air d’un portrait peu ressemblant encore de Mme Swann que le peintre par un caprice de coloriste, eût fait poser à demi déguisée, prête à se rendre à un dîner de “têtes”, en Vénitienne. Et comme elle n’avait pas qu’une perruque blonde, mais que tout atome sombre avait été expulsé de sa chair laquelle, dévêtue de ses voiles bruns, semblait plus nue, recouverte seulement des rayons dégagés par un soleil intérieur, le grimage n’était pas que superficiel, mais incarné ; Gilberte avait l’air de figurer quelque animal fabuleux, ou de porter un travesti mythologique. Cette peau rousse c’était celle de son père au point que la nature semblait avoir eu, quand Gilberte avait été créée, à résoudre le problème de refaire peu à peu Mme Swann, en n’ayant à sa disposition comme matière, que la peau de M. Swann. Et la nature l’avait utilisée parfaitement, comme un maître huchier qui tient à laisser apparents le grain, les nœuds du bois. Dans la figure de Gilberte, au coin du nez d’Odette parfaitement reproduit, la peau se soulevait pour garder intacts les deux grains de beauté de M. Swann. C’était une nouvelle variété de Mme Swann qui était obtenue là, à côté d’elle, comme un lilas blanc près d’un lilas violet.”