Une ambiance de fin du monde, qui rappelle Dune. Puis, tout doucement, les danseurs émergent et descendent, un par un, jusqu’à seize. Ils semblent isolés au début, puis se regroupent pour finir par se retrouver, comme une gigantesque fleur au milieu de la scène, une fleur vivante qui s’ouvre et se referme. Puis, dans une ambiance bleue et grise, la brume descend la colline et les danseurs rampent, invisibles, puis se lèvent et brillent dans un halo mystique, à l’image d’un spectre de Brocken ou des fata morgana. Le dernier tableau se déroule dans l’obscurité : les danseurs sont au sol et une pluie de paillettes les recouvre, puis une danseuse seule se met à vibrer. Finalement, tous ces corps qui brillent forment un énorme scolopendre qui ondule. Il est difficile d’en parler mieux que ça, mais c’était incroyablement beau, viscéral et très émotionnel. Magnifique.
“La scénographie constitue un véritable défi physique, comment influence-t-elle le travail des danseurs?
KN La scénographie est pensée comme une grande vague sur laquelle les danseurs se déplacent continuellement. Cela modifie leur centre de gravité, à tel point que par moment, il devient difficile pour eux de rester debout tant l’angle d’inclinaison est grand. À cela, on ajoute de la brume, des gouttes d’eau et aussi des paillettes qui tombent du ciel et qui les recouvrent.
DJ Cette scénographie met les danseurs à rude épreuve. Tout est pensé autour de la relation entre le danseur et son centre de gravité. Nous avions déjà travaillé cela avec le Ballet du Grand Théâtre pour Skid (2022). Mais cette fois-ci, les angles d’inclinaison ne sont nulle part les mêmes et les danseurs oscillent entre un espace horizontal et un espace qui est presque à la verticale. J’aime beaucoup cette idée que l’humain doive sans cesse se réadapter à son environnement et je pense que c’est une chose qu’on devrait faire constamment au lieu de le forcer à s’adapter à nous.”