L’histoire est simple : Serge achète, pour une fortune, un tableau tout blanc… avec quelques liserés blanc aussi. Son ami Marc ne comprend pas comment on peut payer si cher un tableau sans rien dessus. Yvan, un autre ami, n’a pas d’avis. Et tout cela met en péril une amitié de quinze ans. J’ai vu la pièce au théâtre de Carouge et j’ai adoré. Le texte seul est toujours aussi drôle, et j’aurais bien voulu voir la pièce créée en 1994 à la Comédie des Champs-Élysées, à Paris, avec Pierre Vaneck, Fabrice Luchini et Pierre Arditi. Un texte très drôle qui interroge la fragilité de l’amitié.
“SERGE. Bon alors qu’est-ce qu’il dit ?!
MARC. Mais on se fout de ce qu’il dit !
SERGE. Qu’est-ce qu’il a dit?
MARC. En quoi ça nous intéresse ?
SERGE. Je veux savoir ce que ce con a dit, merde!
YVAN (il fouille dans la poche de sa veste). Vous voulez savoir?…
Il sort un bout de papier plié.
MARC. Tu as pris des notes ?!
YVAN (le dépliant). J’ai noté parce que c’est compliqué… Je vous lis ?
SERGE. Lis.
YVAN. … “Si je suis moi parce que je suis moi, et si tu es toi parce que tu es toi, je suis moi et tu es toi. Si, en revanche, je suis moi parce que tu es toi, et si tu es toi parce que je suis moi, alors je ne suis pas moi et tu n’es pas toi…”
Vous comprendrez que j’aie dû l’écrire.
Court silence”