Deux histoires qui courent en parallèle. Une partie autobiographique, les bribes de souvenirs d’enfance de Georges Perec, qui a perdu tout jeune son père à la guerre et sa mère dans le camp d’Auchwitz. Une construction de l’enfance par petits bouts décousus et contradictoires. Puis, un chapitre sur deux et en italique, une partie fictionnelle, une île imaginaire qui s’appelle W où le sport est l’unique raison de vivre, avec des compétitions tous les jours et une devise “Plus haut, plus fort, plus vite”. Une image de vie saine au départ qui se dégrade petit à petit et révèle toute l’horreur du fonctionnement de cette île. Enfin, un dernier chapitre qui lie ces deux histoires, une enfance sous le poids de la guerre et du nazisme. Un sens difficile à saisir tant les deux textes sont différents, mais touchant par le message qui perce en filigrane.

“Les Atlantiades ont lieu à peu près tous les mois. On amène alors sur le Stade central les femmes présumées fécondables, on les dépouille de leurs vêtements et on les lâche sur la piste où elles se mettent à courir du plus vite qu’elles peuvent. On leur laisse prendre un demi-tour d’avance, puis on lance à leur poursuite les meilleurs Athlètes W, c’est-à-dire les deux meilleurs de chaque discipline dans chaque village, soit, en tout, puisqu’il y a vingt-deux disciplines et quatre villages, cent soixante-seize hommes. Un tour de piste suffit généralement aux coureurs pour rattraper les femmes, et c’est le plus souvent face des tribunes d’honneur, soit sur la cendrée, soit sur la pelouse, qu’elles sont violées.”

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