Belinda Cannone pose une question vielle comme le monde. Comment arriver à concilier l’amour dans la durée ? Faut-il se résoudre à ce que le désir ne perdure pas et ne garder que ce qui est finalement de l’amitié ou de l’affection, la philia des Grecs, détaché d’éros, l’amour passionné et sensuel ? En nous entraînant dans l’histoire du couple et du mariage, elle nous explique le pourquoi de l’amour toujours et la raison pour laquelle ce n’est plus possible. Elle dégage petit à petit deux concepts. Le premier est la notion de polygamie lente, terme que je ne trouve pas très adéquat, car il s’agit ici de partenaires successifs, mais qui exprime l’idée qu’il faut arrêter de vouloir l’amour toujours, c’est trop long. Il faut accepter que dans notre vie, il y aura plusieurs amours, plusieurs femmes/hommes de notre vie… et arrêter de culpabiliser pour ça. La deuxième notion est celle d’amour-désir, qu’elle décrit comme “l’exaltation de toutes les dimensions de l’être, charnelle, intellectuelle et sentimentale”, qui n’est probablement pas fait pour durer. C’est un très beau livre sur l’amour d’aujourd’hui, bien documenté, bien réfléchi, plutôt positif finalement. Et je garde espoir qu’un amour-désir peut être nourri et choyé… et durer.

“Contrairement aux autres arts dans lesquels on considère qu’apprentissage et exercices sont nécessaires pour permettre l’inventivité, dans l’étreinte on improvise constamment, au motif rétrograde que le sentiment y pourvoirait. Cette situation fait souvent de nous, longtemps, dans l’amour, des peintres du dimanche. Il faut beaucoup de grâce, de bonnes rencontres et un effort personnel assidu pour devenir artiste accompli. Pourtant, chacun sait que le pianiste amateur n’est ni plus inspiré ni plus émouvant que le musicien formé. Au contraire, c’est une fois son art maîtrisé qu’il peut oublier la technique et improviser, inventer, et donner libre cours à ses sentiments.”

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