Cinq textes de Marguerite Duras. L’histoire de la mort de W. J. Cliffe, un jeune aviateur anglais, l’histoire surtout de sa tombe, entretenue par tout un village français. Un texte qui se passe à Rome, une discussion entre un homme et une femme dans un hall d’hôtel, comme Marguerite les aime tant… les discussions et les halls d’hôtel. Le Nombre pur, que vraiment je peine à résumer. Un nombre “qui ne qualifie rien ni personne”. L’exposition de la peinture, un texte à propos d’un peintre et de ses toiles, de son lien avec elles et entre elles. Et finalement, le texte que j’ai trouvé le plus beau, Écrire. La description de Marguerite Duras de cet acte difficile, solitaire, et où elle confie quand même avoir fait des livres incompréhensibles… et qui pourtant ont été lus.

“Ça rend sauvage l’écriture. On rejoint une sauvagerie d’avant la vie. Et on la reconnaît toujours, c’est celle des forêts, celle ancienne comme le temps. Celle de la peur de tout, distincte et inséparable de la vie même. On est acharné. On ne peut pas écrire sans la force du corps. Il faut être plus fort que soi pour aborder l’écriture, il faut être plus fort que ce qu’on écrit. C’est une drôle de chose, oui. C’est pas seulement l’écriture, l’écrit, c’est les cris des bêtes de la nuit, ceux de tous, ceux de vous et de moi, ceux des chiens. C’est la vulgarité massive, désespérante, de la société.”