En 1807, Napoleon Bonaparte ordonne que tous les corps soient enterrés au même endroit. Ce fut fait trente ans plus tard sur l’île de San Michele. Depuis Venise même, on ne voit qu’un mur de briques dont dépassent les cyprès. Le cimetière est divisé en secteurs, catholique, orthodoxe et évangélique. Des parties avec des religieuses, des prêtres, des militaires mais surtout une sorte de quartier résidentiel où les gens riches ont pu ériger une maison pour leur existence post-mortem, des constructions mégalomanes, gigantesques… et moches. Il y a aussi des tombes déjà prêtes avec nom, prénom, date de naissance, manque plus que la date de décès et la photo. Glauque. Mais un très beau cimetière, royaume du goéland.

“Contrarié de devoir manquer le déjeuner, le commissaire quitta son bureau un peu avant midi pour se rendre au bar du coin, où il mangea un sandwich accompagné d’un verre de vin, sans que ni l’un ni l’autre ne lui fassent plaisir. Même si tous, dans le bar, savaient qui il était, personne ne lui parla de l’évènement; seul un homme âgé, toutefois, se permit de tourner ostensiblement les pages de son journal. Brunetti se rendit à pied à l’arrêt de San Zaccaria et prit un bateau de la ligne 5, qui devait l’amener à San Michele, en coupant par l’arsenal avant de prendre par l’arrière de l’île. Il se rendait rarement au cimetière de San Michele, n’ayant pas ce culte des morts si courant en Italie.” (Mort à la Fenice. Donna Leon. 1992)

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