Cet opéra construit dans le style néo-classique au XVIIIe siècle est une merveille. L’entrée est plutôt sobre, mais l’arrivée dans la salle elle-même coupe le souffle. C’est comme faire un pas en arrière de quelques siècles. Des petites loges en demi-cercle sur cinq étages, toutes en dorures, un lustre incroyable au plafond, la loge royale décorée à outrance, une acoustique incroyable avec un son qui roule autour de l’espace et semble venir de tous côtés. Cet opéra porte bien son nom, “le phœnix” : deux fois détruit par les flammes, deux fois reconstruit à l’identique. Il faut absolument aller voir un opéra là-bas une fois dans sa vie, ce que nous avons fait avec Il Trovatore. Mais, probablement qu’une fois ne suffira pas…

“La troisième sonnerie annonçant la reprise imminente de la représentation retentit discrètement dans les foyers et les bars de La Fenice. Les gens éteignirent leur cigarette, vidèrent leur verre, interrompirent leur conversation et commencèrent à refluer vers la salle, brillamment éclairée pendant l’entracte ; le bourdonnement des voix se fit plus fort au fur et à mesure que les spectateurs reprenaient leur place – un diamant lançait un éclair ici, une étole de vison s’ajustait sur une épaule nue là, une main chassait une poussière invisible d’un revers de satin ailleurs. Les balcons du haut se remplirent les premiers ; puis ce fut le tour de l’orchestre et enfin des trois rangées de loges. Les lumières baissèrent, l’obscurité se fit et la tension qui précède toute représentation monta, pendant que le public attendait le retour du chef d’orchestre. Le brouhaha s’apaisa, les musiciens arrêtèrent de s’agiter sur leur siège et le silence général annonça que tout le monde était prêt pour le troisième et dernier acte.” (Mort à la Fenice. Donna Leon. 1992)

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