Combat ordinaire, celle de la vie de tous les jours. Marco qui se bat avec sa vie de photographe de guerre dont il ne veut plus, sa vie de couple qui lui fait peur et ses angoisses tétanisantes et indomptables. IL observe aussi son père atteint de la maladie d’Alzheimer, sa mère que se retrouve seule et son frère qui gère difficilement le deuil. Puis l’usine, celle où travaillait son père, celle où il agrandit et les ouvriers qui restent traités comme des moins-que-rien. Le dessin est magnifique, une alternance de cases colorées pour la vie actuelle de Marco, des cases sombres pour l’usine et les travailleurs, et de cases avec de simples portraits noir-blancs pour des grandes tirades philosophiques. C’est plutôt déprimant comme beaucoup d’œuvres de Larcenet, mais c’est sublime et très touchant.

“On a tous des manières différentes de réagir au deuil, à la douleur, au manque. Certains parlent, argumentent, échafaudent des théories, longuement, comme pour combler le vide… D’autres au contraire se taisent avec l’application de l’enfant sur un problème mathématique. Pour ma part, les peines intenses m’anesthésient. Que je parle ou que je garde le silence, je suis alors vide. Le subit anéantissement de mes émotions semble être mon système personnel de protection. Je suis alors capable de continuer. Une part de moi s’occupe des autres, des relations sociales, de l’intendance en somme… tandis que l’autre habite mon lopin d’enfer soigneusement privé, à l’abris des regards.”

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