Ça commence par l’histoire d’un petit garçon de huit ans, puis par celle d’un jeune homme d’une vingtaine d’années qui aimeraient pouvoir comprendre ce qu’ils ressentent, et enfin le point de vue de l’adulte d’aujourd’hui qui comprend. Prenant sa propre vie comme point de départ, Baptiste Beaulieu raconte la vie d’un homosexuel en France, mais élargit son discours à toutes les minorités : trans, lesbiennes, femmes, etc. Il expose tous les concepts de l’hétéronormativité au moyen d’une série de questions dépréciatives, ainsi que les avantages pour ses adeptes que rien ne change. L’homme blanc cisgenre en prend pour son grade. L’écriture est magnifique, même si elle est parfois un peu ardue en raison de la narration à la deuxième personne. Le texte parle des douleurs, des silences (!), des abus et des colères. Il parle d’un monde d’intolérance et de bêtise humaine. Ce récit m’a bouleversé. Il nous confronte à l’urgence de déconstruire nos certitudes pour accueillir pleinement la richesse de nos diversités.

“La vérité, c’est que la visibilité de personnages appartenant ouvertement à une orientation sexuelle minorisée est insupportable pour le régime sexuel dominant. Est-ce qu’on reproche à un couple hétérosexuel qui se tient la main de faire de la propagande? L’autre jour, tu lisais un tweet d’un jeune qui disait: “J’ai vu Moonlight deux fois au cinéma, je crois que je vais devenir pédé!” Pédé… Tu as vu Mulan plusieurs fois et tu n’es pas devenu chinois pour autant, et aucun homosexuel ou aucune lesbienne ayant vu La La Land ne s’est réveillé hétérosexuel ou avec l’envie subite de jouer des claquettes (quoique…).”