Estelle est infirmière dans une maison pour personnes âgées. Elle les soigne, les écoute, les accompagne vers la mort. Les journées sont dures, pas toujours gratifiantes, et la mort est toujours présente… Quentin Zuttion raconte ce quotidien avec beaucoup de tendresse et de réalisme, sans jamais verser dans le pathétique. Les personnes âgées décrites sont attachantes, dans leur vieillesse et leur attachement ou non à la réalité. Les émotions et les dilemmes des infirmières sont finement mis en lumière. Le dessin est dans des teintes de bleu clair qui parfois prennent de la couleur juste pour souligner quelques moments particuliers. C’est très, trop, touchant et je l’ai intentionnellement lu en milieu d’après-midi, dans un lieu public.

“Sa “lubie”, c’est sa réalité. Je crois qu’au fond, ça n’a que peu d’importance de savoir d’où elle tire ça. Un souvenir, une image, un livre… C’était peut-être un jeu, un rêve, avec lequel elle a vécu toute sa vie. Elle s’est permis de le rendre réel… Peut-être qu’elle ne veut plus se souvenir. Je ne peux pas la forcer, personne ne peut. Beaucoup de gens ici ne vivent que dans leur souvenir passé… D’autres les oublient… Et d’autres encore s’en inventent… Dans tous les cas, ils peuvent en souffrir. Il est là, je crois, mon travail d’infirmière. Reconnaître si c’est la vérité ou si c’est l’illusion qui fait mal… Et faire en sorte de les soulager.”