Un tout petit podcast sur des mots qui ont voyagé entre plusieurs langues. Des noms de tissus : satin, denim. Des noms de plantes : tulipe, varech. Des mots qui appartiennent à la description de la météo ou des populations. Et, finalement, le ping-pong de mots entre la langue française et anglaise. C’est intéressant, instructif… mais tellement court, j’en voudrais encore.

“- Mais d’autres encore, avec leur air de venir d’outre-manche, cachent en réalité des origines bien hexagonales. C’est le cas du mot toast.
– Toast ? Tu veux dire celui qui sort de mon grille-pain. Dans mon esprit pourtant, j’avoue que c’est assez indissociable de la marmelade et des œufs brouillés d’un petit-déjeuner anglais.
– Très british, on est d’accord. Et, pourtant, le toast au sens de pain grillé vient du vieux français “toster”, un verbe qui signifie griller. Au Moyen Âge en effet, on a coutume de plonger une tranche de pain grillée recouverte d’épice dans les verres de vin afin d’en améliorer le goût. Or, cette tranche de pain parfumée est appelée une tostée ou bien une rôtie.
– D’ailleurs, il y a un pays qui se souvient de ce premier mot, c’est le Canada, où subsiste de nombreuses expressions françaises très anciennes. Là-bas, au petit-déjeuner, vous pouvez étaler votre confiture sur une toast ou une rôtie.
– Au 15e siècle, le mot et la coutume traversent la manche et la tostée devient un “toast”. Puis, c’est là, en Angleterre, que le mot se dote d’un nouveau sens. Après avoir été un morceau de pain grillé, le toast devient une personne, et d’abord une femme.
– Pardon ? Rassure-moi, on ne parle pas de sexisme anthropophagique ?
– Pas de panique, je te rassure, ce podcast reste tout public. Au 17e siècle, on raconte qu’un jour, dans la ville de Bath, un homme voit une très belle femme sortir d’un bain. Admirateur, il plonge son verre dans l’eau du bain et le boit à sa santé. Un camarade malicieux compare alors le bain à un verre de vin et la baigneuse à la tranche de pain, en disant globalement : ce vin-là très peu pour moi, en revanche, cette toastée est bien à mon goût. Et c’est ainsi que la toastée devient la femme en l’honneur de laquelle on trinque.
– Toujours un plaisir quand une femme est comparée à un bien de consommation. Bon, au fil du temps, la coutume se diffuse et l’expression évolue. On ne toaste plus seulement les femmes, mais toute personne que l’on veut complimenter ou honorer. Puis le toast finit par désigner non plus la personne, mais le petit éloge qu’on lui adresse. L’histoire se répète alors. Le mot traverse de nouveau la manche, cette fois dans l’autre sens et c’est ainsi que les francais se mettent à porter des toasts lors de mariages, anniversaire et autres libations.”

5 épisodes d’environ 6 minutes chacun

Épisode 1. L’envers du vêtement
Épisode 2. Vous avez dit “franglais” ?
Épisode 3. Quand le langage fleurit
Épisode 4. La météo tous azimuts
Épisode 5. L’étranger d’ici à là-bas

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