Nicolas Demorand est bipolaire et en parle enfin ouvertement. Les hauts et les bas, très hauts et très bas. Les médicaments qui ne marchent pas, qui marchent mal, qu’il faut changer sans cesse, les hospitalisations à répétition. Surtout, le fait de devoir toujours cacher sa maladie, de ne pas pouvoir en parler aux autres, de devoir toujours donner le change et de s’épuiser. Ce témoignage est vraiment touchant : les errances durant des années, le diagnostic, un soulagement, mais une charge à vie. Un récit poignant qui met en lumière la complexité de vivre avec une maladie psychiatrique.
“Je suis malade mental et j’ai donc appris le silence, la dissimulation et le mensonge. Je me tais, je vis ce qui m’affecte dans la solitude, je rase les murs. Parfois, je donne le change ou fais belle figure – alors que j’ai envie de mourir. Je masque la dépression en prétextant des insomnies. Mes silences sont pris comme des moments de réflexion. Je ris quand, dans un groupe, il serait incongru de ne pas le faire. Je maintiens un grand flou sur mes vacances, si souvent passées chez moi dans la pénombre, allongé sur un canapé. Un “je me suis reposé” ferme toute conversation.”