Six mois dans une cabane au bord du lac Baïkal. Six mois de quasi-solitude, parfois interrompue par l’arrivée inopinée d’amis russes, un peu bruts et taciturnes. Des litres de vodka, du poisson et un peu de viande, et une collection de livres pour occuper le temps, de la belle littérature d’ailleurs. Puis explorer s’il est possible de se supporter soi-même, de gérer ses états d’âme intimes. Pari réussi, mais avec toutefois, il me semble, une certaine nostalgie de ne pouvoir partager toute la beauté des promenades extérieures et intérieures avec quelqu’un d’autre. Un livre magnifique, très touchant et qui donne envie d’aller s’isoler dans une cabane en Sibérie.
“Étrange, ce besoin de transcendance. Pourquoi la foi en un Dieu extérieur à sa création ? Les craquements de la glace, la tendresse des mésanges et la puissance des montagnes m’exaltent davantage que l’idée de l’ordonnateur de ces manifestations. Elles me sont suffisantes. Si j’étais Dieu, je me serais atomisé en des milliards de facettes pour me tenir dans le cristal de glace, l’aiguille du cèdre, la sueur des femmes, l’écaille de l’omble et les yeux du lynx. Plus exaltant que de flotter dans les espaces infinis en regardant de loin la planète bleue s’autodétruire.”