Deux personnes parlent dans une pièce sombre, un homme une femme, Marguerite Duras et Gérard Depardieu. La femme lit le scénario de son film. L’histoire est celle d’une femme qui monte à bord d’un camion de routier et qui parle tout le long du trajet au chauffeur qui n’écoute quasi pas, ne répond quasi pas. La femme parle de tout et de rien, c’est assez décousu. Il est difficile de savoir d’où vient cette femme, difficile de savoir où est et où va ce camion. Le texte est suivi d’un entretien de Marguerite Duras avec Michelle Porte, parties que je ne lis normalement pas, mais que j’ai apprécié ici pour pouvoir appréhender un peu mieux ce scénario… qui reste malgré tout assez particulier. Ça doit valoir la peine de regarder le film pour ajouter une dimension à l’histoire.

“On oublie quatre-vingt-dix pour cent des choses de la vie, on deviendrait fou, on mourrait si on avait présent en mémoire tout le temps vécu, on mourrait, ce serait insoutenable. Ce serait un peu comme si la mort n’existait pas : il y a autant de vécu dans l’histoire extérieur du monde que dans un seul homme. Autant, depuis la première époque de l’Égypte, que dans un homme. C’est ce que je crois, moi. On dit toujours que l’oubli est un défaut, mais heureusement qu’il existe, si on se remémorait parfaitement tout, les douleurs, les passions, les joies, l’instant serait blanchi, complétement spoliée, n’existerait plus… L’oubli, c’est la vraie mémoire…”