Un one-man-show avec le magnifique texte de Cavanna. Un one-man-show et un accordéoniste pour être exact. L’enfance de Cavanna entre son père immigré italien et sa mère française. Enfin, c’est surtout l’histoire de son père, de la pauvreté, du racisme sous-jacent, mais également de ces moments de bonheur à deux, de cette admiration du fils pour ce père qui travaille sur les chantiers. Une très jolie mise-en-scène, simple, mais suffisante pour mettre les paroles en relief et juste ce qu’il faut d’accordéon pour compléter le tout.

“En trois printemps, le pêcher eut deux mètres de haut. Et un joli bouquet de fleurs blanches au bout de son tronc gros comme un manche à balai. Et l’une de ces fleurs devint promesse de pêche, et puis, mais oui, pêche. Grosse comme une olive, couverte de poils blancs comme un vieux pas rasé, elle se cramponnait à sa brindille, elle se balançait, elle vivait, merveille !
C’était un printemps dans le genre coup de poignard dans le dos. Du soleil à flots et, rran, sans prévenir, des grêlons comme des pavés. La petite pêche n’avait aucune chance. Oui, mais elle avait papa. Qui, un soir, après le boulot, à la nuit tombée, fit ce qu’il fallait faire.
Le lendemain, un grand parapluie noir s’éployait au-dessus du petit pêcher, qu’il couvrait tout entier. Où papa l’avait dégotté, va savoir. Papa trouvait toujours la chose qu’il fallait au moment où il fallait. Il avait ficelé le manche du parapluie au tronc du pêcher, la poignée en forme de canne se recourbait vers le haut, c’était un parapluie d’homme, d’homme comme il faut.”

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