Une jeune femme se lance dans un monologue ininterrompu. Elle parle d’un M. Shimada qui crée des sex-toys, de Jason, son psychiatre qu’elle provoque en lui racontant son obsession imaginaire pour le Führer et de K, un homme qu’elle a rencontré dans des toilettes publiques. On comprend progressivement que cette femme est allongée face à son gynécologue, dont elle ne voit que le sommet du crâne, et qui celui-ci est en train de lui greffer un sexe circoncis, lui permettant en même temps de s’extirper de ce corps de femme qui l’encombre et de renier ses origines allemandes. Le texte est drôle et percutant, plein d’interrogations sur le corps, mais le style de l’écriture, logorrhéique, m’a un peu épuisée.

“Officiellement c’est bien sûr considéré comme quelque chose de mal, en tout cas c’est ce que j’ai fini par comprendre à force d’entendre ma mère pousser des hauts cris chaque fois que je m’asseyais les jambes écartées – mon incapacité à m’asseoir correctement parce que je n’ai jamais compris pourquoi il y avait deux façons de s’asseoir selon qu’on avait une bite ou pas. Et je m’emmêlais tout le temps les pinceaux, parce que la logique de la chose m’échappait complètement dans la mesure où une fille a de fait moins à cacher qu’un homme, mais ça c’était avant que je comprenne qu’une bite est une sorte d’épée, un objet de fierté et de comparaison, tandis qu’un vagin est quelque chose de faible, quelque chose qui n’engage pas à la confiance. Quelque chose qui sera toujours un objet de baise, qui peut être violé et inséminé, qui peut couvrir de honte un foyer et une famille. Quelque chose qui a besoin d’être protégé sans que personne ne remette jamais en cause ce besoin de protection, ne se demande comment il se fait que les rues ne soient pas sûres la nuit et que les filles aux cheveux courts ressemblent à des garçons et pas l’inverse. J’ai toujours trouvé tout ça terriblement déconcertant et je me suis souvent dit que c’était plutôt les bites qu’il faudrait cacher, que c’était l’arme plutôt que la plaie qu’il faudrait interdire.”

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