Toutes vérités effectivement. Fred Vargas nous emmène dans un soliloque drôle et pertinent. Le pivot central de ce petit essai est l’amour, comment éviter de la rater, comment le conserver, comment ne pas utiliser la mallette des outils de pression (téléphone, sollicitation, chantage, ultimatum) mais plutôt la mallette d’outils contraires (solitude compacte, patience, insouciance, désinvolture). Il y a une jolie partie sur la religion, particulièrement les religions monothéistes. Monothéiste alors qu’on adore Dieu, son fils, le Saint-Esprit, la Vierge Marie et environ 600 saints, petits et grands. Elle parle également de la guerre, des vers de terre, des homards et beaucoup de sa famille et de l’homme de sa vie qui à l’air de ne bientôt plus l’être. Tous ces thèmes sont entremêlés, elle se perd, mais retombe sur ses pieds. C’est débordant d’un humour magnifique, j’ai adoré.

“Ce n’est pas tout car tout de même, sous prétexte d’un péché mineur d’origine, j’ai nommé le rapport sexuel inévitablement advenu suite à un désir bien naturel (désir que Dieu avait créé lui-même, il serait peut-être temps de s’en souvenir), Dieu a puni l’homme et l’a laissé dans une merde incomparable depuis des milliers d’années. Il a tout laissé faire, tout. Les guerres, les famines, les atrocités, les chagrins, les injustices, l’Inquisition et j’en passe, tout. Qu’il se fâche un jour ou deux, soit. Qu’il boude même une longue semaine, soit. J’accepte, je comprends. Mais qu’il boude depuis maintenant 30 000 ans, je dis que ce n’est pas normal. Un type qui boude depuis 30 000 ans la créature qu’il préfère est caractériel. Ou sadique. Or comme je l’ai dit, Dieu, de par sa nature, ne pouvant être que parfait, ne peut être ni caractériel ni sadique. C’est rigoureusement incompatible. D’où j’en ai déduit depuis mon plus jeune âge et suivant cette inexorable logique qui est mienne que Dieu ne pouvait pas exister.”