Un jeune universitaire de 27, bientôt 29 ans, passe son temps dans sa salle de bain, n’en sort que quand c’est vraiment nécessaire. De Paris, il part à Venise, mais reste reclus dans sa chambre, sauf pour un passage à l’hôpital pour une sinusite. Il est obsédé par le tennis et son jeu de fléchettes. Beaucoup moins par sa femme. Mais il faut lire derrière ces lignes, souvent drôles, un mal-être, la recherche d’une immobilité extérieure pour contrecarrer les fluctuations de l’âme. Un livre déroutant et cocasse, un mélange d’inertie et d’ineptie qui m’a fait penser à quelque chose entre Beckett et Vian.

“Il y a deux manières de regarder tomber la pluie, chez soi, derrière une vitre. La première est de maintenir son regard fixé sur un point quelconque de l’espace et de voir la succession de pluie à l’endroit choisi; cette manière, reposante pour l’esprit, ne donne aucune idée de la finalité du mouvement. La deuxième, qui exige de la vue davantage de souplesse, consiste à suivre des yeux la chute d’une seule goutte à la fois, depuis son intrusion dans le champ de vision jusqu’à la dispersion de son eau sur le sol. Ainsi est-il possible de se représenter que le mouvement, aussi fulgurant soit-il en apparence, tend essentiellement vers l’immobilité, et qu’en conséquence, aussi lent peut-il parfois sembler, entraîne continûment les corps vers la mort, qui est immobilité. Olé.”