De son vivant, Ariel Auvinen n’était déjà pas très adroit, mais quand il meurt et devient ange gardien, c’est encore pire. Censé protéger Aaro Korhonen, homme pourtant tout à fait capable de se débrouiller seul, il commet gaffe sur gaffe. Arno subit, en l’espace de quelques semaines, trois commotions cérébrales, se retrouve avec deux prétendantes, détruit un corbillard et perd quelques cercueils avec occupants. Ariel est tellement doué pour les catastrophes qu’un suppôt de Satan vient lui demander s’il aimerait changer de camp. Ariel est très tenté jusqu’au moment où il réalise que sa femme est en enfer et qu’il ferait tout pour ne pas la revoir. Pour ceux qui pensaient qu’ils n’avaient pas d’ange gardien, le réponse est peut-être qu’ils en ont un… mais très maladroit. Plutôt drôle.

“Cette perspective donna de tels frissons à Ariel Auvinen qu’il décida de couper court aux négociations. N’était-ce pas déjà trop d’avoir dû, bon gré mal gré, partager pendant près de cinquante ans la vie d’une mégère jalouse, grincheuse et alcoolique? D’horribles souvenirs des pénibles exigences de sa défunte femme l’envahirent. Elle n’avait cessé de le traiter derrière son dos de grossier coureur de jupons. Et fait, dans un accès de colère, courir le bruit qu’il était homosexuel. Comment un homme à femmes aurait-il pu en même temps être gay? Elle avait aussi propagé des rumeurs d’inceste. Le soir de leurs noces, il avait eu un choc en découvrant la cellulite de son large derrière et ses seins en gants de toilette. Sans compter qu’elle puait de la gueule. Sa voix, qui portait loin, montait souvent dans les aigus, se transformant en hurlement. Avec l’âge, elle s’était mise à ronfler, sans parler de ses fuites urinaires. Et voilà que le démon lui suggérait de replonger dans ce calvaire, et en plus en enfer.

Titre original : Tohelo suojelusenkeli 
Traduit du finnois