Louise est belle-mère, dans le sens de marâtre, la nouvelle copine d’Erwann, qui à une fille, Blanche, dont la mère, Irène, est partie. Ces seuls personnages suffisent à bâtir le récit. Écrite comme un dialogue de Louise à Blanche, cette histoire se construit surtout autour de la beauté. Beauté époustouflante d’Irène, qu’Erwann n’oublie pas. La beauté encore plus époustouflante de Blanche, adulée par son père, et qui en joue. Louise, dont l’éducation a plutôt favorisé l’intellect, se retrouve à être comparée à ces femmes sublimes et en souffre. Puis elle se rend compte que les belles souffrent aussi. Une histoire aussi de famille recomposée, de la place de chacun sur l’échiquier, celle qu’on prend et celle que les autres nous offrent. Une livre magnifique, une Blanche-Neige et les sept nains moderne.

“Elle est sidérée par la lâcheté des hommes. Leur sacro sainte virilité dont ils ne savent pas quoi faire. Ils violent et battent, ou ramollissent comme des poupées de chiffon. C’est la peste ou le choléra.
Leur pseudo-puissance, en présence de femmes, s’exerce par la violence ou meurt par paresse. Le repos qu’ils trouvent, grâce à elles. Ça doit être si confortable de pouvoir compter sur quelqu’un. De laisser la vie couler comme un robinet qui fuit jusqu’à ce qu’une femme prenne leur destin en main.
Elle vomit cette façon dont, systématiquement, les choses tournent en leur faveur. Ils se laissent faire, obtempèrent, déposent leur indécision comme une offrande. Ils obligent les femmes à porter le fardeau de leur vie, et un beau jour leur reprochent de les infantiliser.
Ils les contraignent à développer toute leur détermination, jusqu’à l’épuisement, et en guise de remerciement les condamnent au bûcher.
Toutes les femmes puissantes sont des sorcières. Leurs bourreaux se prétendent victimes.”

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