Eh bien non. On ne badine pas avec l’amour. Ce n’est pas une plaisanterie. Il y a deux cœurs en jeu… au moins, des organes fragiles qui se brisent facilement. Perdican revient chez son père après ses études. On veut le marier à sa cousine Camille qui vient de passer dix ans chez les nonnes. Mais, Camille ne consent pas, on lui a décrit l’amour humain comme cruel et elle préfère l’amour céleste. Commence un jeu du chat et de la souris, dans lequel tout le monde perdra des plumes. Le texte de la pièce elle-même est déjà magnifique mais l’interprétation ce soir au Théâtre de Carouge est excellente. Tous les acteurs sont sublimes. J’ai eu un faible pour le père qui suinte son désespoir, mais Perdican et Camille qui doivent passer au travers d’énormes tirades en colère sont incroyables. Très fort, très touchant.

“Adieu, Camille, retourne à ton couvent, et
lorsqu’on te fera de ces récits hideux qui t’ont
empoisonnée, réponds ce que je vais te dire :
Tous les hommes sont menteurs, inconstants,
faux, bavards, hypocrites, orgueilleux ou lâches,
méprisables et sensuels ; toutes les femmes sont
perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et
dépravées ; le monde n’est qu’un égout sans fond
où les phoques les plus informes rampent et se
tordent sur des montagnes de fange ; mais il y a
au monde une chose sainte et sublime, c’est
l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si
affreux. On est souvent trompé en amour,
souvent blessé et souvent malheureux ; mais on
aime, et quand on est sur le bord de sa tombe, on
se retourne pour regarder en arrière, et on se dit :
J’ai souffert souvent, je me suis trompé
quelquefois, mais j’ai aimé. C’est moi qui ai
vécu, et non pas un être factice créé par mon
orgueil et mon ennui.”

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