Éléazar est pasteur en Irlande. La condition des catholiques, la famine après que les pommes de terre sont décimées par le mildiou et le meurtre d’un homme qui bat un enfant l’incitent à émigrer aux États-Unis avec femme et enfants. Dans son esprit, il incarne Moïse que Dieu n’a pas voulu laisser arriver en terre de Canaan. Lui veut traverser les déserts et les montagnes pour arriver en Californie, “terre de lait et de miel”, mais il mourra, blessé et épuisé, en apercevant sa terre promise. Une histoire de quête biblique, qui rafraîchit les connaissances sur Moïse, avec des touches de savoir ancestrale des Indiens et de clairvoyance de la fille d’Éléazar. Joli roman.

“Dans les plaines de l’au-delà, les âmes des morts ne grouillent pas à l’infini, comme on pourrait le croire. Non. Leur nombre est certes grand, mais limité cependant, et le cortège des nouveaux morts qui affluent sans cesse vient compenser un effacement progressif d’âmes défuntes qui se dissipent dans le néant. Car les défunts ne persistent dans l’au-delà qu’aussi longtemps qu’il y a sur terre des vivants qui pensent à eux. Les morts se nourrissent du souvenir que leur adressent les vivants, et ils s’évanouissent à jamais dès que le dernier vivant leur a consacré sa dernière pensée. Les âmes rayonnent aux enfers d’une vie qui n’est que le reflet des pensées des vivants. Tel grand homme se met soudain à flamboyer, sa voix éclate comme une trompette de cuivre ou une cloche d’airain. C’est que, sur la terre, une foule recueillie célèbre sa mémoire. Ou c’est plus modestement une femme, une ombre de vieille femme qui se colore d’un timide reflet de couleur : à cet instant un enfant a jeté une fleur sur sa tombe.”