Un beau matin, dans leur petit chalet à la montagne, elle regarde par la fenêtre et voit flotter sur le lac le corps mort de son amant. Elle va le ramener dans le chalet, dormir avec lui une-deux nuits, puis l’emmener, elle ne sait trop où. C’est ce qu’elle essaie d’expliquer à la femme de son amant au travers d’un récit sous forme de lettres. Que faire de ce corps qu’elle a tant aimé ? Comment ne pas le laisser devenir un corps aseptisé, dans un cercueil, dans une tombe ? L’offrir au lac, l’enterrer dans la forêt ? L’occasion de faire aussi le bilan de ses amours et de cet amour qui restera toujours beau. C’est si joliment écrit que je n’arrive même pas à trouver cette femme folle, elle est touchante dans sa détresse qui semble tellement justifiée, impossible de ne pas s’y retrouver. Juste horriblement émouvant.

“Je ne t’ai sans doute pas assez remercié, mon amour. On oublie toujours de dire merci, on dit “je t’aime” et on croit que ça suffit. Alors merci, pour tout ce que tu sais déjà, pour m’avoir aidée à réaliser que j’étais autre chose qu’une fille sexy en short, merci d’avoir aimé mes muscles, ma force, mon agressivité, d’avoir ri à mes blagues pas drôles, respecté mon besoin de solitude, merci de m’avoir embrassée en pleine rue, merci pour le cul qu’on a réappris ensemble. Merci pour ta fragilité. Merci d’avoir accepté de te débarrasser avec moi des artifices à la con du manège amoureux, la jalousie, la possession, les preuves à brandir, merci de m’avoir vue comme une alliée, pas comme une adversaire, merci d’être devenu mon meilleur ami. Au revoir, mon amour.”

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