Les Prussiens sont entrés dans Rouen et trois couples fortunés, un homme et une femme seuls, décident de quitter la ville en calèche pour se rendre au Havre. La femme seule est une femme galante, surnommée Boule de Suif en raison de sa rondeur. Il neige pendant le voyage, qui dure plus longtemps que prévu, et tout le monde a faim. Boule de Suif sort un panier de pique-nique plein à craquer et partage avec tout le monde du poulet, du foie gras, de la langue fumée et des bouteilles de vin. Ils arrivent enfin à l’hôtel dans lequel ils doivent loger et sont accueillis par un officier allemand. Le lendemain matin, la calèche n’est pas prête, l’officier ne les laissant pas partir. Les hôtes finissent par comprendre qu’ils ne peuvent pas partir tant que Boule de Suif n’a pas cédé à l’officier. Elle refuse pendant plusieurs jours, puis, sous l’impulsion et les cajoleries verbales des autres hôtes, elle cède. Le lendemain, ils peuvent partir. Personne n’adresse plus la parole à Boule de Suif et, à l’heure du repas, personne ne partage la nourriture avec elle, qui n’a pas pu prévoir de victuailles puisqu’elle a été occupée toute la nuit avec l’officier allemand.

“La femme, une de celles appelées galantes, était célèbre par son embonpoint précoce qui lui avait valu le surnom de Boule de suif. Petites, ronde de partout, grasse à pays, le lard, avec des doigts bouffis, étranglés aux phalanges, pareils à des chapelets de courtes saucisses, avec une peau luisante et tendue, une gorge énorme qui saillait sous sa robe, elle restait cependant appétissante et courue, tant sa fraîcheur faisait plaisir à voir. Sa figure était une pomme rouge, un bouton de pivoine prêt à fleurir, et là-dedans s’ouvraient, en haut, des yeux noirs magnifiques, ombragés de grands cils épais qui mettaient une ombre dedans ; en bas, une bouche charmante, étroite, humide pour le baiser, meublée de quenottes luisantes et microscopiques.”

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