Alors, combien ça coûte à la collectivité d’être un homme, un vrai ? Suite au livre de Lucile Peytavin “Le coût de la virilité”, paru en 2021, où elle fait ces calculs pour la France, un collectif de chercheur a reproduit la méthodologie, dans la mesure du possible, pour la Suisse. Alors ? Et bien ça coûte un peu plus de neuf milliards de CHF par an, 15% des dépenses annuelles de la Confédération. Le calcul englobe plusieurs domaines : défense et sécurité, justice, homicides et tentatives d’homicide, coups et violences volontaires (hors famille), violences domestiques, maltraitance des enfants, crimes et délits sexuels, vols, insécurité routière, trafic de stupéfiants et traite humaine. Deux notions intéressantes à mettre en avant dans ces calculs. Tout d’abord, le coût de la virilité est “le différentiel qui existe, pour chaque catégorie
d’infractions, entre le montant des dépenses imputables aux comportements des hommes
et celui des dépenses imputables aux comportements des femmes.” Ensuite, il y a l’estimation de la “valeur d’une vie statistique” qui est “le coût engendré pour les personnes tuées, blessées, ou qui ont été atteintes dans leur intégrité physique et psychique” (p.ex frais médicaux, pertes monétaires, …) et qui est de 6.9 millions en Suisse en 2019. Voilà, 94% des personnes en prison sont des hommes, 92% des lésions corporelles graves sont faites par des hommes, 84% des accidents mortels sont provoqués par des hommes… À quand un peu de prévention ? Ce n’est quand même pas juste la faute de la testostérone…

“La virilité est un concept socioculturel qui s’illustre notamment par les attentes posées sur les hommes : on valorise les “casse-cous”, on est plus permissif avec les garçons lorsqu’ils commettent des bêtises, même si ceux-ci sont violents. Ces faits étant justifiés comme des attributs d’une supposée nature virile. Cette virilité est bien construite dès leur plus jeune enfance : on les conditionne à jouer à la bagarre, on leur offre des jouets guerriers, on leur vente des carrières de métiers dangereux et on écrase toute émanation sentimentale qu’on juge trop efféminée. Lorsque l’on parle de virilité, c’est de ces caractéristiques que l’on traite. Il s’agit d’un comportement asocial, dans le sens où les hommes vont transgresser des normes de comportement que la société va tolérer, voir encourager. Cette “incivilité” est le résultat de l’acculturation des hommes à la violence, un processus par lequel les hommes adoptent des normes et des valeurs qui justifient une propension à la violence.”

Référence
https://www.swissrethinkeconomics.org/wp-content/uploads/2023/10/Le-cout-de-la-virilite-en-Suisse-1.pdf

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