Wolf est un ingénieur qui construit avec son ami et mécanicien Saphir Lazuli une machine qui permet de se remémorer ses souvenirs puis de les oublier. Wolf est marié à Lil et Lazuli est amoureux de Folavril. Il faut encore ajouter le sénateur Dupont, un chien, pour que le tableau soit complet. C’est une histoire à la Boris Vian, avec des textes très loufoques, incompréhensibles, chargés d’humour plutôt noir, mais avec de belles phrases, beaucoup de poésie. Et, il y a les thèmes… Mal-de-vivre, satyre de la psychanalyse, réalisation des désirs, mais également des parties très féministes, assez épatantes. Le tout est assez surréaliste et pourtant magnifique.

“Les mains de Folavril se portèrent à son collier de fleurs jaunes qu’elles défirent doucement. À bout de bras, sans quitter Lazuli des yeux, elle laissa couler le fil pesant sur le plancher. Maintenant elle enlevait un soulier, sans hâte, tâtonnant un peu autour de la boucle chromée.
Elle s’arrêta et le talon fit un choc léger par terre et elle défit l’autre boucle.
Lazuli respirait plus fort. Fasciné, il suivait les gestes de Folavril. Elle avait des lèvres juteuses et écarlates comme l’ombre à l’intérieur d’une fleur chaude.
Maintenant, elle roulait jusqu’à la cheville un bas aux mailles impalpables, qui se densifia en un petit flocon gris. Un second flocon le suivit et tous deux rejoignirent les souliers.
Les ongles des pieds de Folavril étaient laqués de nacre bleue.
Elle portait une robe de soie boutonnée sur le côté de l’épaule au mollet. Elle commença par l’épaule et dégagea deux des boutons. Puis elle revint à l’autre extrémité, libérant trois attaches une en haut, une en bas, deux de chaque côté. Il en restait une seule, à la ceinture. Les pans de la robe retombaient des deux côtés de ses genoux polis, et à l’endroit de ses jambes où tombait le soleil, on voyait trembler un duvet doré.
Un double triangle de dentelle noire s’accrocha à la lampe de chevet, et il n’y avait plus que le dernier bouton à défaire car le léger vêtement mousseux que Folavril portait encore au terme de son ventre plat faisait partie intégrante de sa personne.”