Un beau jour, un homme se rase la moustache qu’il porte depuis des années. Mais sa femme ne réagit pas, ses amis et son chef non plus. Quand, agacé, il la confronte, elle lui dit qu’il n’a jamais eu de moustache. Il dément, cherche à lui prouver le contraire, se dit qu’elle est devenue folle, puis se dit que c’est lui qui est fou. Et il s’évade, de Paris, d’Europe puis finalement de la vie. Un petit roman loufoque, mais qui interroge sur le perçu individuel de la normalité, des souvenirs, de la vérité, avec une fin qui m’a prise au dépourvu.

“Mais qu’est-ce qu’il était au juste ? Psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute ? Sachant que les psychanalystes n’étaient pas forcément médecins, il espérait que Sylvain Kalenka serait un psychiatre : dans un cas comme le sien, il ne fallait pas tomber sur un type qui prétendrait le faire parler, raconter son enfance pendant deux ans, tout en hochant la tête et en faisant mine de trouver ça intéressant, mais sur un partisan de cures plus musclées, un fonceur efficace, diplômé, qui dirait au bout d’un quart d’heure, sans hésitation : voilà, c’est ça, votre maladie porte tel nom, se soigne avec tel médicament, je connais, vous n’êtes pas le premier. Les mots rassurants d’amnésie partielle ou passagère, de dépression nerveuse, de décalcification, dansaient dans sa tête où résonnait toujours le “grand ponte” respectueux de son père.”