La première phrase dit quasi tout : “Je crois que je n’aime plus mon mari”. C’est le constat de Jeanne. Elle analyse la relation avec son mari, relation devenue sans passion, la confusion entre mariage et amour. Elle n’est plus qu’un objet, une décoration, voire une servante. Jeanne ressent et parle des inégalités dans sa vie de couple, du désir d’autres hommes, d’autres amours, mais avec désillusion. C’est un texte incroyablement féministe, écrit en 1947, mais tristement d’actualité même 75 ans après. Sujet forcément intéressant, écriture est juste, pourtant parfois des lenteurs difficiles.

“Mais rien n’est peut-être jamais dépassé en nous, et mes rêves en sont la preuve. Qu’à leur faveur nous puissions opérer une coupe dans le vif de notre vie passée et notre être mis à nu en son centre révélera la structure non changée, immuable de ce qu’il fut, qu’il est encore, comme le tronc de l’arbre révèle, une fois coupé à ras, ses couches intérieures, ses rayons médullaires à jamais inscrits dans sa texture. Nous ne pouvons rien effacer ; nos souffrances, nos joies, s’ajoutent les unes aux autres. Elles ne s’annulent pas, elles s’additionnent, traçant ces cercles concentriques autour du noyau de notre être. Ainsi nos amours. Il n’en est point qui puissent vraiment mourir une fois nés, ils continuent leur vie en nous. Même si nous ne le savons pas.”

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