À 52 ans, Francine se retrouve complétement excédée par elle-même. Elle ne s’aime pas, semble avoir le cerveau en compote, oublie tout, perds tout. Qu’est-ce qui lui arrive ? Selon elle, la ménopause. Bouffées de chaleur, libido d’un “petit pois surgelé”, humeur massacrante, hormonothérapie ou pas. Mais, peut-être pas que la ménopause. Le moment de se retrouver face à face à cette personne qu’elle appelle la Mère Tapedur, cette méchante voix dans la tête qui dit que ce n’est jamais assez bien, qu’il faut faire plus. Et le moment de s’asseoir face à soi et de se dire que c’est probablement le moment de se mettre en jachère, d’arrêter de se pourrir la vie, de ralentir, se recentrer. J’ai adoré le dessin, ces pages hétéroclites style journal intime. Et, même si je n’ai pas adhéré à la théorie de la seule ménopause comme responsable, ce qu’elle décrit me touche beaucoup et me fait réfléchir. Le moment de me mettre en jachère ?

“Conversation avec la Mère Tapedur
– Salut, maudite garce qui squatte mon crâne et m’empoisonne la vie ! Grâce à toi, je me sens toujours harcelée, stressée, crispée. Je peux te dire un mot ?
– Salut, feignasse ! Bien sûr, je t’écoute.
– Sympa, l’entrée en matière ! Mais t’es qui, au fond ?
– Je suis ton Surmoi, la gardienne de ton droit à l’existence. Ta boss et juge intérieure.
– Mon emmerdeuse intérieure, tu veux dire ! La Mère Tatpedur qui aime à torturer mon âme. Ma tortionnaire attitrée.
– Tu me dois tout, tire-au-flanc ! Tu n’es rien sans moi. C’est grâce à moi que tu survis.
– Mais pourquoi être toujours aussi dure ? Pourquoi j’en fais jamais assez pour toi ? Il faut toujours que je sois plus talentueuse, plus belle, plus gentille, plus intelligente, plus mince. Que je sois une meilleure mère, fille, compagne, amie. Je ne suis pas une feignasse, c’est toi qui n’es jamais contente. Tu me vides comme une sangsue, tu me presses comme un citron. Tu me bouffes toute ma joie de vivre. Tu me rends anxieuse et malheureuse.
– Mais tu obtiens quelque chose en retour.
– Quoi donc ?
– C’est grâce à moi que tu es qui tu es et là où tu es.”

Titre original : Oomen stroomt over
Traduit du néerlandais