Un jeune homme rentre chez lui un soir et entend du bruit dans sa maison. Lorsqu’il entre, tous les meubles ont disparu, jusqu’à la moindre cuillère en argent. Il pense qu’il devient fou, mais ne dit rien et déclare le lendemain qu’il a été cambriolé. Les voleurs n’ont jamais été retrouvés. Quelques années plus tard, lors d’un voyage, il entre dans une brocante et reconnaît tous ses meubles. Il le signale à la police, mais lorsque celle-ci retourne au magasin, le vendeur et ses meubles ne sont plus là. Il reçoit alors une lettre de son valet lui annonçant que tous les meubles sont de retour chez lui. Effrayé, le jeune homme préfère se faire interner plutôt que de rentrer chez lui.

“Oh ! quelle émotion ! Je me glissai dans un massif où je demeurai accroupi, contemplant toujours ce défilé de mes meubles, car ils s’en allaient tous, l’un derrière l’autre, vite ou lentement, selon leur taille et leur poids. Mon piano, mon grand piano à queue, passa avec un galop de cheval emporté et un murmure de musique dans le flanc, les moindres objets glissaient sur le sable comme des fourmis, les brosses, les cristaux, les coupes, où le clair de lune accrochait des phosphorescences de vers luisants. Les étoffes rampaient, s’étalaient en flaques à la façon des pieuvres de la mer. Je vis paraître mon bureau, un rare bibelot du dernier siècle, et qui contenait toutes les lettres que j’ai reçues, toute l’histoire de mon cœur, une vieille histoire dont j’ai tant souffert ! Et dedans étaient aussi des photographies.”

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