Ou “Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles”. Au travers de cinq grands thèmes, Mona Chollet montre et démonte ces vieilles constructions de la société, de l’esprit qui nous engluent dans des relations médiocres. Tout d’abord, elle plante le décor en examinant le contexte culturel. Ensuite, elle décrit la sublimation de l’infériorité des femmes, la violence conjugale, les femmes comme gardiennes de l’amour et finalement le fait d’être des objets érotiques. C’est bien écrit, largement référencé, pertinent, perturbant, parfois triste, parfois inconfortable. Cela me trouble de lire, noir sur blanc, écrit par une autre, mes blessures, mes frustrations, mes tristesses, mes peurs. Mais un petit paragraphe console : “Pourquoi les femmes ont-elles tendance à accorder un tel prix à l’amour ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre, mais, parmi toutes les raisons possibles, je commencerai par en suggérer une : parce que nous avons raison. Nous le survalorisons, mais je crois aussi que les hommes le sous-estiment.” Alors si nous avons raison, il y a de l’espoir.

“Je ne regrette pas de m’être révoltée, dans un premier temps, contre la rupture d’un lien qui nous grisait de bien-être, qui nous faisait nous sentir si intensément vivants. Mais je ne regrette pas non plus d’avoir laissé tomber. Il faut être deux pour danser le tango; c’est même toute la beauté de la chose. Cela n’implique pas forcément d’ “étouffer son propre sentiment amoureux en une minute”, comme semble le penser Liv Strömquist. De fait, compte tenu de l’éducation différenciée des hommes et des femmes, il est à peu près inévitable que nombre de femmes hétérosexuelles se retrouvent avec des surplus d’amour sur les bras. Mais on peut au moins réfléchir à ce qu’on en fait. Et continuer de les balancer à la tête de quelqu’un qui n’y répond plus n’est pas forcément la meilleure solution. On ne peut pas aimer pour deux. On ne peut pas insuffler à l’autre son propre désir de voir l’histoire se poursuivre. On ne peut pas toujours être celle qui va repêcher la relation que l’autre a jetée au loin, comme le chien fidèle qui rapporte inlassablement la baballe à son maître. Il faut dégager l’espace nécessaire à l’expression de la volonté de l’autre, en acceptant le risque que cela signifie la mort de la relation – que la baballe reste à jamais abandonnée dans un taillis.”

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