Enchevêtrement de trajectoires, de spirales concentriques. Comprendre l’histoire du hêtre pourpre planté par l’arrière-grand-père, retrouver la lignée des femmes de la famille pour contrecarrer la généalogie des hommes, utiliser l’écrit comme exutoire de la peur, comme affirmation de soi. Ce livre est tout ceci à la fois, comme une danse, un pas en avant, quelques pas en arrière, une pirouette et ça repart. Le texte est magnifique, un peu décousu parfois, mais magnifique. Le texte change de langue et de police et, lu dans la traduction française, l’écriture est soigneusement non genrée, et de façon originale. Une belle prouesse pour une auto-fiction prodigieuse.

“J’ai commencé ces textes dans l’idée de fabriquer un chaudron, un chaudron à care contenant toutes sortes de potions magiques. Je voulais guérir sans sauver au sens sacré du terme, sans rechercher l’harmonie, la pureté. Peut-être ne s’agit-il pas tant de guérison que de cicatrisation, de ces stigmates qui se dessinent d’eux-mêmes sur la peau. Car je ne veux pas que la plaie se referme ni vu ni connu. Que l’absence s’oublie sans laisser de traces. Je ne veux pas d’un point qui clôt la phrase, je veux un point-virgule qui dit : “Faisons une pause, mais n’en restons pas là”, qui laisse la phrase s’écouler tout en préservant l’interstice entre ses deux signes – je veux continuer à suivre cette spirale qui m’entraîne autour du vide.”

Titre original : Blutbuch
Traduit du suisse allemand et de l’allemand (passages en anglais et en français)

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